Les chroniques de l’ardepa #9

Visions d’anticipation

1 vision anticipationPuisque les perspectives d’avenir semblent se rétrécir sous les coups de boutoir des réalistes grincheux, allons jeter un coup d’œil sur les travaux des jeunes architectes qui ont participé au  concours de la fondation Jacques Rougerie Génération Espace Mer. Ils proposent des constructions aussi futuristes qu’utopiques pour répondre aux défis posés par la montée du niveau des eaux et la dégradation des conditions de vie sur terre. A tous ceux qui pensent que le progrès n’a pas d’avenir, ils répondent avec leurs projets car « ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait » (Mikhaïl Saltykov-Chtchedrine).

>> Beaux- Arts magazine, février 2016 (p.p.26 et 27), 6,80 euros


Des gares en devenir, de Nantes à Shanghaï  

La rue passerelle du projet de la gare de Nantes.

La rue-passerelle du projet de la gare de Nantes.

L’attribution du chantier de la future gare de Nantes à Rudy Ricciotti, en partenariat avec l’agence Forma 6, est passée relativement inaperçue. Les médias semblent en effet plus intéressés par l’avenir du futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes… Le dossier que « Place Publique » consacre aux gares dans sa dernière livraison est très complet.

Jean-Louis Violeau commente judicieusement les enjeux qui ont prévalu lors de la désignation d’un l’architecte-ingénieur qui réussit généralement à allier créativité, lyrisme et réalisme, tout en affirmant qu’il croit que les architectes « sont plus psychopathes que mégalomanes ».
Catherine Malleret  (architecte) et Stéphanie Dommange (directrice régionale de la Sncf)  répondent aux questions que les citoyens peuvent se poser sur la collaboration entre l’agence nantaise Forma 6 et Rudy Riciotti d’une part et sur la pertinence de la réponse des architectes par rapport à l’évolution de la fréquentation de la gare de Nantes d’autre part.
Ces articles sont mis en perspectives par les textes de deux professeurs à l’Ensa de Nantes. Laurent Devisme fournit quelques éléments permettant de répondre à ce qu’il appelle « Les énigmes du quartier de la gare ». Elisabeth Pasquier nous livre, dans un beau texte, ses impressions de passagère du TER qui assure la liaison Nantes-Pornic.

Xavier Debontride, rédacteur de la revue,  examine les conséquences de la mise en service prochaine de la ligne à grande vitesse Le Mans-Rennes sur la fréquentation de la gare de Rennes. Les architectes-urbanistes du groupe Systra (Cristiana Mazzoni, Lionel Debus et Lang Fan) nous conduisent,  entre Europe et Chine, à la découverte des « gares insolites au carrefour des mondes ».

>> Place Publique, N° 55, janvier-février 2016 (p.p. 5 à 57), 10 euros


Tel un navire, l’ENSM du Havre

3 ensm Havre ©AIAPlantée à la jonction entre le cœur de ville et les friches portuaires en cours de reconquête, la nouvelle Ecole Nationale Supérieure Maritime du Havre est une très belle réalisation de l’agence AIA associés. La revue archistorm lui consacre un article qui montre comment les architectes ont réussi à répondre aux défis posés par le commanditaire, la CODAH (Communauté d’agglomération du Havre). Pacôme Bommier, architecte de l’équipe, précise la genèse de cette belle réalisation : « Nous souhaitions préserver la qualité du quai. Car ce qui fait la qualité d’un quai, ce sont les vides. (…). Pour cela nous avons travaillé sur des plis qui enrichissent les vues ; l’analogie avec la silhouette d’un bateau est venue au fur et à mesure, sans l’avoir cherchée. »

La morphologie très sobre de cet immeuble fait en effet écho aux navires qui fréquentent le port du Havre. L’ensemble du programme a été conçu de façon à en faire un outil pédagogique dont l’organisation interne est proche de celles des anciens bateaux –écoles. De plus, l’ENSM est en capacité d’assurer son autonomie énergétique grâce à une architecture bioclimatique privilégiant les solutions passives.

>> Archistorm, n° 76, janvier-février 2016 (p.p. 50 à 59), 8,90 euros


Alejandro Aravena récompensé…

4 AravenaL’attribution du Pritzker Prize 2016 à l’architecte chilien Alejandro Aravena a surpris. L’homme est séduisant et son discours bien rodé, pourtant il n’appartient pas à l’aristocratie de l’architecture mondialisée habituellement lauréate. Sa notoriété s’est construite sur un seul projet, celui de l’ensemble de logements bon marché de Quinta Monroy à Iquique. Pour résorber un bidonville, Aravena a proposé un système de demi-maisons livrées aux habitants qui se chargent de terminer leurs logements au gré de leurs possibilités financières. La mise en œuvre de ce programme d’éradication de la pauvreté a été rendu possible par l’implication de l’Université Catholique du Chili et du milliardaire Roberto Angelini. Deux partenaires qui défendent par ailleurs une vision ultra-libérale de l’économie et de la société… responsable de la montée de la misère au Chili !

Un reportage de 2014 à Quinta Monroy montre que ce type de construction n’a pas permis de résoudre le problème du logement des plus pauvres. Les maisons résistent mal aux tempêtes et les bidonvilles continuent à s’étendre à proximité.
L’article bien documenté d’Olivier Namia se termine sur une question : « Aménager l’inégalité : une mission d’architecte ? ».

>> D’a (19/01/2016)

Gérard Savoye

Les commentaires sont désactivés