Expéditions urbaines 2015

Entre-temps et territoires d’avenir

L’année 2014 nous a transporté dans des projets signifiants de l’ère métropolitaine, montrant les caractères différentiels des projets de mutation urbaine, du cœur de la ville-centre aux périphéries. L’année 2015 doit nous permettre d’entrer dans la fabrique même des projets, observant de manière transversale les métiers experts de la ville pour mener le lent travail de mutation.

Ces mutations structurelles, grands territoires urbains en renouvellement, seront notre champ exploratoire. Ils sont territoires d’avenir et obligent une vision de gestion de l’entre-temps du projet comme entre-espace à activer dans l’attente puis dans le temps lent du projet.
Pour entrer plus encore au « cœur de la machine », nous explorerons la théorie mobilisée (ce sont les conférences dans les lieux inédits ou secrets) et nous pratiquerons les expéditions urbaines (la visite des sites urbains du samedi) pour en observer les réalités en œuvre.
Les expertises transversales des acteurs que nous mobilisons en conférence sont dans les champs de l’urbanisme, de l’économie, de la sociologie, de la philosophie, de l’histoire mais aussi de la culture et des groupes solidaires.

Les quartiers observés sont choisis pour leur caractère marqué et de singulière appartenance à ces espaces nouveaux de reconquête:

–   Paysage et confort de ville
Culture et associatif
Economie et créativité
Histoire et renouveau

–   Nouvelle diversité sociale et fonctionnelle

Les membres de l’ardepa et les personnalités invitées en expédition deviendront les passeurs-observateurs-analyseurs… en quelque sorte les passeurs de la théorie de la ville pour une conscience plus fine de son assemblage et de ses caractères en observation dans sa fabrication.
Ces parcours théoriques et de visites s’enrichiront des dernières inventions, constructions, espaces publics en création et renouvellement permanent, au plus près des actualités de la ville en mouvement.

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Expédition urbaine #1 – D’une rive à l’autre, tours et détours d’une île.

Le fleuve – la Loire – hier paysage considéré comme outil du travail est révélé aujourd’hui comme lien à façonner au long cours pour composer les variations du « durer » de la ville. Il est singulier de regarder la ville depuis le fleuve, d’en observer les rives et décrypter les histoires qu’elles racontent.

Au nord se trouve la rive ouvrière et construite que les quais et les pourtours suspendent. Détachée, refusée peut-être… car ville centre s’est toujours tournée vers la crête.
Au sud, une rive peuplée de canards sauvages et de ragondins. Entre vasières et roseaux, elle se dévoile et nous échappe. Une rive distante et romantique, insaisissable sans doute…
Ces dernières décennies, des projets métropolitains majeurs ont émergé portant « l’ad-venir » ligérien. Ils sont la ZAC des Isles sur la rive sud de Rezé, le projet Bas Chantenay pour la rive nord mais également l’île de Nantes encadrée par ces deux rives.

Cet espace d’entre-terre qu’est le fleuve, nous offre depuis l’eau, un paysage inédit dans un simple tour de l’Ile. Comme dans un zootrope, la rive de l’île nous propose une image continue où le temps semble suspendu pour un nouveau voyage à Nantes.

 

Expédition urbaine #2 Madeleine-Champ de Mars, une lente mutation

 Le quartier Madeleine/Champ de mars/canal, en œuvre depuis plus de vingt ans, résonne aujourd’hui d’une attractivité qui lui est propre. Hier considéré comme un territoire populaire, ignoré de la ville bourgeoise, il s’est aujourd’hui fédéré autour de projets culturels et associatifs, nourrissant le projet urbain tout en transformant les lieux durablement. Ce travail de mutation, attentif au maintien raisonné des populations à l’économie fragile, s’est déployé en fusionnant les ingrédients nécessaires à la ville d’équilibre : présence institutionnelle, activités aux formes variées et complémentaires, publics aux profils socio-économiques variés, économies commerciales diverses et déploiement du champ associatif et culturel dans les interstices de ces « intra-lieux » urbains.  Certes, la physionomie du quartier (composition en lanières : cours mêlant atelier et habitat) poussait naturellement à l’interaction formelle et symbolique de ses usagers. Mais c’est la vigilance et l’engagement des acteurs en charge de sa mutation qui en ont fait une réalité. Cet engagement culturel et associatif  s’est immiscé dans tous les interstices, à toutes les échelles. De la transformation de l’usine LU, point d’ancrage de la politique publique et culturelle, aux entreprises de services, favorisant l’appropriation collective du territoire. Les ingrédients de la ville désirable sont en œuvre sous la maîtrise nécessaire de l’institution en charge d’une vision à long terme.  

Expédition urbaine #3 – Île de Nantes, territoire XXL de projet urbain.

Culture, créativité, tourisme, économie et résidentiel sont déjà en œuvre dans ce fragment le plus contemporain de la ville. L’Île de Nantes s’affiche comme condensateur de cette relation nouvelle et systémique mais ne se limite pas à de la consommation de friches : elle devient productrice d’espaces urbains inédits.
Les Nefs de l’Île participent de l’identité nantaise, les Machines et le Manège ont ancré l’imaginaire de Jules Verne et le Voyage à Nantes en a fait une destination culturelle et touristique. Des polarités denses jouent d’influence. Elles se réinventent ou se perpétuent comme agglomérats dans ses fonctions monotypes, les quartiers de bistrots, d’ateliers, d’artisans…. ou assemblées, en accumulations hors contrôle dans les anciens faubourgs populaires.

Ainsi l’île recèle des lieux secrets à découvrir pour des mises en lien créatives possibles mais explore aussi les autres échelles.  De grandes jachères anciennes, autour de rails abandonnés ou à constituer demain, avec les déplacements annoncés et structurants du MIN et du CHU. Il convient sans doute d’inventer des nouveaux modes de mise en charge et d’attente des grands chantiers.
Comment alors investir ces espaces en attente ? Ces entre-temps ne pourraient-ils alors devenir productifs d’un quotidien créatif et collaboratif, en forme de mise en charge publique du projet ?

Expédition urbaine #4 – Pirmil les Isles, la Ville-nature au cœur de la métropole

Avec l’Île de Nantes et bientôt le Bas Chantenay, Nantes Métropole a souhaité initier la transformation d’un autre secteur clé : Pirmil les Isles. L’enjeu de cette opération, en cours d’études est de poursuivre le développement urbain vers le sud-ouest, le long de la Loire, en promouvant des formes urbaines variées, inscrites dans des espaces naturels généreux et tenant compte de l’héritage ligérien. Bordée par la Loire au nord et la route de Pornic au sud, l’opération d’aménagement couvrira 60 à 100 ha, de Pirmil à l’est jusqu’aux anciennes sablières de Trentemoult à l’ouest. Un vaste espace qui, du fait de sa situation privilégiée, a attiré au cours des décennies passées de nombreuses activités industrielles et commerciales puisqu’il comprend, à côté des villages de Trentemoult, Basse-Île et Haute-Île, la vaste zone commerciale d’Atout Sud, des friches industrielles (anciens abattoirs de Rezé) et de nombreuses entreprises industrielles en activité. La première phase de ce projet urbain vise notamment à implanter sur les terrains des anciens abattoirs des logements, ainsi que des activités tertiaires et de commerce, tout en réservant de la place pour les équipements publics à venir. Les développements ultérieurs restent soumis aux décisions qui interviendront dans un avenir encore non fixé, qu’il s’agisse du déplacement de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ou de la localisation du futur franchissement de la Loire… Territoire d’invention et de renouveau.

Expédition urbaine #5 – La caserne Mellinet

On a tous à l’esprit le jeu de mots de Maxence (Jacques Perrin) dans le film de Jacques Demy Les demoiselles de Rochefort : « je vais en perm à Nantes ». De perm en caserne pour le troupier, il n’y a qu’un pas : franchir le mur d’enceinte de la caserne Mellinet ! Ce site de treize hectares, dans un quartier entre Saint- Donatien et Dalby enclos et inconnu a été acquis par Nantes Métropole le 19 décembre 2014, suite à la désaffectation de l’Armée en 2009. Ce territoire de friches urbaines qui abrite encore 80 bâtiments, dortoirs, écurie, infirmerie, terrains d’entraînement et hangars à camions, condense les questions contemporaines de l’invention d’un entre-temps en attente d’insertion de nouvelles fonctions urbaines dans un patrimoine architectural partiellement conservé. L’ouverture du site et de son enceinte sur la ville interroge sur l’ancrage mémoriel à travers la mise en oeuvre progressive et acceptable d’un projet de mutation urbaine. Il conviendra de travailler sur ce site au fort potentiel, presque aussi grand que le quartier Bouffay (14 hectares), dans le respect du tissu pavillonnaire environnant tout en réinventant la ville contemporaine et en proposant une « coproduction créative ».
Photos Mellinet © Claudie Geffroy

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