Photographe de haute-voltige, posté à 15 000 pieds d’altitude, l’Américain Alex MacLean prend en flagrant délit cette Amérique défigurée par l’absurdité de ses concitoyens. En survolant bâtiment, villes, énormes infrastructures perdues au milieu de nulle part, bref, tous ces endroits tant façonnés par l’homme, que nous donne-t-il à voir? Que pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, l’implantation d’habitations ne tient aucun compte des exigences naturelles : ni fleuves, ni ports, ni quoi que ce soit d’autre ; que ce sont de purs produits, quasi abstraits, de la spéculation immobilière, d’où ces habitats proliférants jusqu’au coeur des grands désert américains. Un témoignage des empreintes que la société impose aux paysages par ses multiples aménagements urbains et ruraux.
La répétition, jusqu’à l’horizon, dramatise cette intervention, cette prise de possession des territoires, par l’homme, dans son appétit immodéré de construction, de façonnage, d’occupation de l’espace naturel. Ces images au triple langage scientifique, culturel et critique, sonnent l’alerte de ce modèle en devenir, si ce n’est déjà fait : celui d’une surconsommation généralisée qui exprime son emprise au travers une logique dévorante et absurde de notre espace vital. En prenant ce recul, avec Alex MacLean, cette vérité saute aux yeux.
Avec l’Allemand Georg Gerster et le Français Yann Arthus-Bertrand, Alex MacLean est l’autre figure mondiale de la photographie aérienne à valeur scientifique et démonstrative. Urbaniste et architecte de formation, MacLean travaille presque exclusivement sur la description du paysage nord-américain qu’il «laboure» seul, année après année, du haut de son avion pour en montrer de façon critique les évolutions et les atteintes quelquefois fatales. Dans la lignée des géographes-humanistes du début du XXe siècle, il décrypte et donne à voir les conséquences d’un mode de vie non raisonné – le fameux American Way of Life – sur notre environnement.
Alex MacLean est le fondateur de Landslides, une agence photographique spécialisée dans la photographie aérienne qu’il a créée à Boston (Ms) en 1975, après l’obtention de son Master d’architecture à l’université de Harvard. Ses photographies sont exposées dans le monde entier.
Il a publié de nombreux ouvrages aux Etats-Unis, en Europe et notamment en France
L’Arpenteur du ciel, Carré/Textuel, 2002
Over, Carré, La Découverte, 2008.
Scénographie de l’exposition et réalisation : collectif MIT